Reconnaitre la dysoralité sensorielle et alimentaire

 Le Trouble de l’Oralité Alimentaire (TOA) ou Trouble Alimentaire Pédiatrique (TAP) recouvre l’ensemble des difficultés de l’alimentation par voie orale. La perturbation est souvent sensorielle, c'est‑à‑dire qu’il y a une gêne au niveau de la sensibilité dans la bouche notamment qui empêche l’absorption des aliments.

Un enfant sur quatre est concerné par ce trouble alimentaire qui peut apparaitre dès la maternité. Dès qu’il y a une atteinte neurologique, un autisme ou une alimentation par sonde dès la naissance le chiffre monte à 80%.

 

Les symptômes sont :

  • Le manque d’appétit
  • Le refus de la nouveauté
  • La sélectivité alimentaire ( moins de 20 aliments)
  • Très grosse préférence voire exclusivité pour les aliments sucrés
  • La lenteur et les problèmes de comportements lors des repas : stockage des morceaux dans les joues sans les avaler, peu ou pas de plaisir à manger
  • Des nausées et des vomissements
  • Des hauts le cœur lorsque l’on approche la cuillère
  • L’enfant recrache les morceaux ou les refuse : l’enfant ne supporte que les aliments très lisses
  • Il ne supporte pas qu’on lui touche le visage
  • L’articulation est difficile, surtout pour « r », « k », « g » qui se trouvent au fond de la gorge
  • La sélection des aliments par couleur (ex : l’enfant ne mange que les aliments verts) ou par marque
  • Une préférence pour les aliments qui ne se machent pas ou très peu
  • Les repas sont devenus un moment de stress, de conflit et de négociation voire de « combat » permanents
     

 

Un réflexe hyper nauséeux (des hauts le cœur tout le temps et pour tout), un odorat surdéveloppé, des difficultés même pour le brossage des dents peuvent également faire penser à une hyper sensorialité de l’enfant.

Les capteurs sensoriels du gout et de l’odorat notamment sont hyper réactifs, exacerbés face à ce que vous proposez à l’enfant. C’est comme si on vous proposait à manger un plat hyper épicé avec une odeur très prononcée et désagréable et que l’on vous disait voire on vous forçait de le manger. Le cerveau de l’enfant interprète que ce qu’on lui propose à manger est déplaisant voire dangereux.  Il n’y a évidemment aucun caprice de l’enfant dans cette situation (comme dans toutes les situations d’ailleurs…).

Les causes :

Les recherches médicales sur ce sujet n’ont pas permis à ce jour d’établir les causes exactes de ce trouble de l’oralité.

          Il est important d’obtenir un avis médical pour confirmer le diagnostic de trouble alimentaire pédiatrique.

 Il est aussi possible à votre enfant de refuser de manger tel ou tel aliment de façon passagère sans que cela puisse être associé à ce syndrome. Les enfants ont aussi parfois besoin de manger des plats connus et rassurants. Même les adultes aiment les plats de coquillettes jambon ou purée jambon, de temps en temps !

Il conviendra de s’inquiéter si le refus de s’alimenter ou si les préférences alimentaires durant dans le temps et se systématisent.

          Lorsque tous les examens médicaux ont pu établir l’absence de problèmes physiques, il peut être intéressant d’aller chercher une autre origine à ce trouble.

Souvent, ce phénomène se retrouve chez l’un des deux parents voire dans les générations précédentes.

Un événement traumatique en lien avec la nourriture peut également être à l’origine de la dysoralité alimentaire (fausse route, sensation d’étouffement, difficultés à déglutir…). Si vous‑même, en tant qu’adulte, craignez que votre enfant s’étouffe dès qu’il mange un aliment en morceaux, votre enfant sent votre peur et se dit qu’il y a un danger puisqu’il vous sent en insécurité. Si tel est votre cas, vous pouvez dire à votre enfant « tu ressens peut‑être que j’ai peur en te voyant manger ce morceau. Mais tu peux avoir confiance et profiter de cet aliment. C’est ma peur et mes émotions et c’est à moi de m’en occuper. J’ai confiance en toi »

Un enfant né avec le cordon autour du cou peut également avoir gardé en mémoire que tout ce qui touche à la gorge fait mal ou gêne à la déglutition. On sait aujourd’hui que le cortisol, une des hormones du stress, modifie le gout du liquide amniotique. Aussi, le bébé peut avoir été gêné par cette modification gustative et l’interprété comme dangereuse et ne plus vouloir, une fois né, goûter à ce qu’il ne connait pas.

Certains facteurs associés vont aggraver les troubles de l’alimentation tels que des facteurs organiques ou psychosociaux comme les allergies, les intolérances alimentaires, le Reflux Gastro Œsophagien (RGO), la constipation ou les problèmes relationnels. Ces facteurs vont influer sur l’appétit de l’enfant mais n’en sont pas la cause première.

Quelles solutions ?

          Votre médecin peut vous orienter vers un orthophoniste qui propose des massages de désensibilisation. Ces stimulations sont souvent à répéter à la maison, plusieurs fois par jour et durant de nombreuses semaines selon la pathologie avérée de l’enfant.

          Un suivi par un pédopsychiatre peut également permettre de trouver soutien psychologique et pistes de solutions tant pour l’enfant que pour les parents.

          Une écoute auprès d’une professionnelle de la petite enfance et d’une thérapeute peuvent également vous permettre d’obtenir des clés de compréhension, d’apaiser vos peurs et de retrouver confiance en vous et en votre enfant.

Il peut être intéressant de remettre du ludique par exemple en utilisant des emporte pièces pour présenter les légumes sous forme d’animaux. Il est également utile d’introduire des nouveautés de manière très progressive : la pomme de terre sera présentée coupée en deux puis quels temps après en trois morceaux puis en plus petits morceaux pour arriver à la purée.

          Les enfants souffrant de troubles alimentaires n’éprouvent pas de plaisir à manger ni autour des temps de repas. L’objectif principal est donc de retrouver le plaisir d’être à table et/ou de manger. Aucune solution idéale ni miracle n’existe sinon je vous la communiquerai volontiers !

Si pour que votre enfant mange, il doit avoir des jouets sur la table, eh bien donnez‑lui des jouets. Mieux vaut un enfant qui mange, même si c’est en jouant, qu’un enfant qui ne mange pas du tout. Souvenez vous un parent stressé est un enfant stressé et vive versa. Retrouvez de l’harmonie et de l’apaisement même si cela doit passer un temps par le fait de laisser votre enfant jouer en mangeant ! Déculpabilisez‑vous, mieux vaut un enfant qui mange et peu importe ce que dit votre entourage qui ne vit pas au quotidien ce que vous endurez…

En conclusion, les enfants peuvent également souffrir de dysoralité sensorielle et ont une hypersensibilité globale, pas uniquement au niveau de la bouche. « Dès qu’ils ont les mains sales, il faut tout de suite les leur nettoyer. Ils ne supportent pas les différentes consistances, quelle que soit leur nature. Par exemple, le fait de marcher pieds nus dans l’herbe ou dans le sable les gène, ils ont du mal à jouer avec certains jouets dont la texture est inhabituelle. Une consultation médicale ou thérapeutique peut également être utile pour comprendre l’origine des maux et y mettre des mots, sources de compréhension et d’apaisement.

 

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